Ha, le fameux doudou ! Il a une place très importante dans le quotidien de nos bout’chous. Il peut consoler, calmer, rassurer et soigner même parfois. D’ailleurs, sa perte pourrait conduire à un véritable drame … Mais quels sont donc les fabuleux pouvoirs que cache ce petit bout de tissu, cette poupée ou cette peluche parfois rabougrie et a l’air pourtant bien ordinaire ?
Quelle forme ?
Chaque doudou est unique et c’est l’enfant qui le choisit.
On pense souvent à une peluche, mais parfois nos enfants peuvent élire une couverture, une poupée, un vieux tee-shirt de papa ou maman, ou un autre objet improbable comme doudou. Quelle que soit sa forme, le doudou a le même rôle et la même importance. Parfois, les parents tentent de mettre en avant un objet particulier pour qu’il soit choisi par bébé, mais cela fonctionne rarement.
D’ailleurs tous les enfants n’adoptent pas de doudou. Certains s’en passent et vont utiliser une comptine précise, ou un geste particulier pour doudou.
Le doudou, objet transitionnel :
Les psychologues appellent le doudou « objet transitionnel ». Cet important concept a été décrit dans les années 50 par D. W. Winnicott, pédopsychiatre et psychanalyste britannique. Ce terme « transitionnel » signifie que cet objet se situe entre deux états : l’objet transitionnel, se situerait entre ce qui est subjectif et ce qui est objectif, et ouvre l’accès au symbolique.
D’abord c’est un objet « trouvé », car il vient du monde extérieur, et aussi « créé », car c’est le rôle que lui donne l’enfant qui est important. En effet, pour le bébé, le doudou va lui rappeler et porter en lui les images parentales rassurantes. Le doudou permet donc à l’enfant d’avoir toujours disponible avec lui quelque chose qui représente une image maternante connue et réconfortante.
Ainsi, dans les moments de séparation ou bien lorsque le parent n’est pas disponible, le bébé va pouvoir s’appuyer sur son doudou pour symboliser l’image du parent. Bien sûr cela va permettre à l’enfant de patienter et de supporter l’absence. Mais au-delà d’une simple attente de retour, la fonction symbolique du doudou va permettre au petit, dans sa construction psychique, de symboliser le lien, et l’idée que même lorsque son parent n’est pas là, ce lien entre eux existe toujours. Et en expérimentant ce lien, sa solidité, en anticipant sereinement le retour du parent, l’enfant va pouvoir internaliser la réassurance de la fonction maternante rassurante. Cette internalisation est essentielle, car grâce à elle, le doudou n’est pas un simple support en cas de manque, mais un véritable relais, qui permet à l’enfant de grandir sereinement.
Grâce à ce phénomène, l’enfant va pouvoir petit à petit se détacher sans angoisse de la relation maternelle très fusionnelle des premiers jours, la relation de symbiose initiale. Comme il se sent en sécurité grâce à son doudou, l’enfant va pouvoir multiplier les expériences, acquérir plus d’autonomie affective et rencontrer sereinement le monde extérieur.
Ainsi on peut résumer le rôle du doudou à 3 grandes fonctions : une fonction plaisir, une fonction sécurisante, et une fonction d’encouragement.
Mais alors, qu’en est-il des nombreux enfants qui n’ont pas de doudou ? A ce sujet, I. Chavepeyer, psychologue et spécialiste des questions liées à l’éveil de l’enfant, fait remarquer qu’il peut aussi s’agir d’une activité comme des gazouillis typiques, un geste précis, une comptine particulière. On parlera alors plutôt de « phénomène transitionnel ». Mais qu’il s’agisse d’objet ou de phénomène, c’est bien la même fonction qui est en jeu.
A quel âge le doudou peut-il apparaitre et jusqu’à quand ?
Globalement, les spécialistes s’accordent pour dire que l’objet transitionnel apparait vers 6/8 mois. Mais chaque enfant est unique et on observe parfois des tout petits qui s’attachent à leur doudou dès l’âge de 3/4 mois.
Au fil des années, le doudou perdra de sa signification et l’enfant s’en détachera seul. En général, à 3 ans, l’enfant aura moins besoin de lui, mais c’est vraiment vers 6 ans que ce détachement devient plus prononcé.
En effet, même si vers 3 ans les enfants sont généralement plus autonomes et peuvent commencer à oublier doudou, il reste souvent présent et important dans des moments plus particuliers comme l’endormissement, l’entrée à l’école, etc .... Puis en grandissant, l’enfant aura de moins en moins besoin de ce relais qu’est le doudou.
Des erreurs à éviter :
- Il est déconseillé de donner doudou dès que l’enfant pleure ou exprime un malaise sans chercher à comprendre. Certes le doudou sert à supporter l’absence du parent ou de la personne qui réconforte. Mais il ne remplace pas cette personne et son action. Le doudou ne comble pas, il relaie. Donc en cas de chagrin, il demeure primordial de rassurer l’enfant, de mettre des mots sur ce qu’il ressent, afin qu’il puisse comprendre les différentes émotions qu’il peut éprouver.
- C’est l’enfant qui élit le doudou, qui le choisit. Il est fortement déconseillé de le changer, le jeter, ou le remplacer. A moins bien sûr que ce soit lui qui en fasse la demande. (En effet, certains enfants peuvent volontairement changer de doudou.) Car même s’il est un peu usé, sale ou malodorant, votre enfant l’aime exactement comme ça !
- Parce qu’il est très important pour l’enfant, il est important de ne pas minimiser la souffrance de l’enfant en cas de perte de doudou.
- Le doudou ne devrait pas être donné pour récompenser, ou confisqué pour punir. Lorsque le doudou est un vrai objet transitionnel, sa fonction dépasse le simple plaisir, il est un besoin.
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